Architecte de formation devenu webdesigner : cette seule étiquette ne saurait résumer le profil d’Etienne Cerneau. L’entrepreneur de 28 ans, arrivé chez Optéos en septembre 2020, ne rentre dans aucun cadre et c’est ce qui fait sa richesse.
« Je lui ai dit que j’avais besoin d’être pluriel. » Lorsqu’Etienne discute pour la première fois au téléphone avec Simon Sarazin, cogérant de la CAE, il est rassuré de découvrir un lieu où « le fait d’avoir plusieurs étiquettes soit possible. » Etienne Cerneau est architecte de formation. Avant la fin de son master, il choisit de ne pas exercer ce métier. « Je faisais beaucoup de musique déjà à l’époque et je voulais du temps pour ça. » Il enchaîne les petits boulots avant d’accepter un poste de chef de projet dans une coopérative de l’Oise. « C’était un vrai défi pour moi, explique-t-il. J’y ai découvert l’innovation sociale, le coopérativisme, l’économie de proximité et les tiers-lieux. »
Pendant deux ans, Etienne relève le défi, mais ce poste lui demande d’être de plus en plus présent dans l’Oise, alors il s’arrête. Retour à Lille. « En architecture, on vend des projets qui n’existent pas donc je suis assez habile en communication et en graphisme », précise-t-il. Des compétences qu’il assoit lors de cette première expérience en coopérative. Mais qu’en faire ?
Curieux par nature
Etienne le sait. Il se connait. La monoactivité, très peu pour lui. « L’architecture est très pluridisciplinaire, très complète. Ça a confirmé ce truc-là chez moi. ». Il a soif de découvertes, d’apprentissages. En témoigne son parcours. « Quand je fais le point, je me rends compte que j’ai pas mal de pratiques artistiques, que mon boulot dans la coopérative était aussi très complet, mais je ne savais plus trop quoi faire ni comment le faire. » Etienne Cerneau entame un bilan de compétences. Il y découvre l’entrepreneuriat et « son aspect le plus chouette », la possibilité d’assouvir sa curiosité et de rester libre.
Début 2020, il se lance dans l’auto-entrepreneuriat avec l’idée d’allier graphisme et communication. À ce moment-là, il apprécie « la liberté, la fluidité et la possibilité de passer d’un projet à l’autre » que lui procure ce statut. En plein confinement, il investit le web au détriment du print car « c’est ce que les gens ont voulu développer pendant les confinements et c’est aussi un média très complet ». Comme il « dessine assez peu », il se tourne vers le webdesign et ses aspects plus techniques. « Coder, ce n’est pas le plus plaisant, mais j’apprends », sourit-il.
J’étais intéressé par l’innovation sociale et numérique, mais aussi par le collectif et la possibilité de contribuer.
Le choix d’Optéos
Au bout de neuf mois – un temps idéal de gestation même pour les hommes ? – , Etienne tourne en rond. Il a fait le tour de son réseau et a envie « de revoir du monde. » Il cherche alors à intégrer une Coopérative d’Activités et d’Emploi « pour s’ouvrir à un autre réseau. » « Je connaissais quelqu’un qui bossait à Smart. Mais ça me semblait trop grand alors je me suis tourné vers Optéos. » Un choix qui répond à ses préoccupations du moment : « J’étais intéressé par l’innovation sociale et numérique, mais aussi par le collectif et la possibilité de contribuer. Et puis c’est chouette de s’auto-salarier. Ça apporte de la sécurité sans rigidité. » À Optéos, le jeune entrepreneur se sent bien. D’autant qu’il est accueilli à bras ouverts par ses collègues entrepreneur·es. « Quand j’ai intégré Optéos, je débutais en graphisme et on a de suite travaillé avec moi », note Etienne Cerneau.
Contributeur et collaborateur prolifique
« À mon entrée chez Optéos, la marque collective Kartier Libre m’a demandé de faire leur site. J’ai construit toutes les pages », se remémore Etienne. Puis, il collabore avec un autre entrepreneur de la coopérative, Franck Nirpot, cette fois-ci pour la Compagnie des Tiers-Lieux, et réalise une charte graphique et le webdesign pour un des tiers-lieux du réseau de la Compagnie. Et enchaîne rapidement d’autres collaborations…
Comme la Compagnie des Tiers-Lieux est une structure contributive, il est très facile de passer d’un chantier à l’autre. Moi qui aime toucher à tout, c’est cool.
En même temps, et ce depuis un peu plus d’un an, il contribue à la Compagnie des Tiers-Lieux. Une activité qui lui prend un tiers de son temps. « Je les connaissais depuis mon premier job dans la coopérative de l’Oise. Je les ai contactés dès que j’ai pris mon statut d’auto-entrepreneur. J’y fais de la communication et de l’animation de réseau, c’est très complet, se réjouit Etienne Cerneau. C’est une structure contributive, comme Optéos, et il est très facile de passer d’un chantier à l’autre. Moi qui aime toucher à tout, c’est cool. » Etienne est le genre de personne à se laisser porter par les opportunités, à les saisir, tant qu’il y trouve du plaisir.
Trouver sa voie
« Optéos et la Compagnie des Tiers-Lieux sont un peu une oasis, mais il ne faut pas être diffus », prévient Etienne Cerneau. Lui qui aime le webdesign, se retrouve à faire « beaucoup de communication sur les réseaux sociaux et de l’évènementiel ».
Aujourd’hui, « j’ai envie de me recentrer sur le graphisme et le web, car j’ai envie d’aller plus loin et d’apprendre plus de choses. » Sans oublier la musique. Toujours là. Comme une passion qui lui colle tellement à la peau qu’elle ressurgit à tout moment. Même lorsqu’il anime des ateliers d’écriture créative pour le Labo des Histoires, Etienne y met sa touche.
En octobre, il a accompagné le public de la médiathèque de Saint-Maurice Pellevoisin à Lille dans la création d’instruments et la mise en histoire de la musique. Aussi, lorsqu’il croise Magali Nayrac et Christian Dupuy, deux autres membres d’Optéos, en pleine création d’une série de podcasts Bosser nouveau, sur les nouvelles formes de travail, ce musicien multi-instrumentiste y voit une belle occasion : c’est lui qui va se charger de créer la musique du générique et l’ambiance musicale.
Membre du groupe roubaisien Kares, de retour dans les salles de concert depuis octobre 2021, Etienne y consacre « beaucoup de temps et d’énergie ». La musique dans la peau, comme on dit. La liberté aussi.
Pour aller plus loin
- La page Facebook du groupe Kares
- Les site de la Compagnie des Tiers-Lieux
- Le site de la coopérative Smart